Tanganyika Journal Of Sciences - Mise en garde la communauté scientifique africaine contre les revues prédatrices et pirates : un enjeu de qualité, de crédibilité et d’intégrité scientifique

2025-04-05

Introduction
Dans le contexte mondial de la « course à la publication », les revues prédatrices et pirates prolifèrent en exploitant les failles du système scientifique, notamment le besoin de visibilité, la pression à publier et le manque de formation à l’édition scientifique. En Afrique, ces revues trouvent un terreau favorable auprès d’auteurs souvent jeunes, isolés et non accompagnés dans le processus de recherche et de publication.

Qu’est-ce qu’une revue prédatrice ou pirate ?

  • Une revue prédatrice est une publication prétendant être scientifique mais ne respectant pas les standards de l’évaluation par les pairs, de la transparence éditoriale ou de l’intégrité scientifique. Elle impose souvent des frais de publication élevés, sans réelle valeur ajoutée.
  • Une revue pirate quant à elle, reproduit illégalement le contenu de revues légitimes ou fonctionne comme une plateforme de faux articles.

Pourquoi les auteurs africains sont-ils particulièrement vulnérables ?

  • Manque de formation à l’édition scientifique et à la reconnaissance des revues fiables.
  • Absence d’encadrement méthodologique et éthique dans plusieurs institutions.
  • Objectifs de carrière conditionnés par la publication, sans critères de qualité.
  • Langue anglaise souvent mal maîtrisée, poussant vers des revues plus « accessibles ».
  • Méconnaissance des bases de données fiables (DOAJ, Scopus, Web of Science, etc.).

Conséquences graves de la publication dans une revue prédatrice

  • Perte de crédibilité scientifique individuelle et institutionnelle.
  • Inaccessibilité du travail à la communauté scientifique sérieuse.
  • Impossibilité de réutiliser les résultats pour une thèse ou une carrière académique.
  • Disqualification de candidatures à des bourses ou des financements.
  • Contribution à la pollution de la littérature scientifique mondiale.

Comment reconnaître une revue prédatrice ?

Voici quelques signes d’alerte :

  • Sollicitation directe par courriel avec flatteries exagérées.
  • Frais de publication exigés immédiatement ou avant soumission.
  • Absence de comité éditorial identifiable ou d’experts reconnus.
  • Processus de révision très rapide (moins d’une semaine).
  • Numéros spéciaux avec des centaines d’articles publiés chaque mois.
  • Site web peu professionnel, avec fautes ou liens inactifs.

 

Recommandations pour les auteurs africains

  • Vérifiez l’indexation de la revue dans des bases reconnues (DOAJ, Scopus, PubMed, etc.).
  • Utilisez des outils de vérification comme Think. Check. Submit.

https://thinkchecksubmit.org/

https://www.lecames.org/les-revues-predatrices-comment-les-reconnaitre-et-les-eviter/

  • Demandez conseil à des chercheurs expérimentés ou bibliothécaires.
  • Privilégiez les revues universitaires ou celles adossées à des sociétés savantes.
  • Faites preuve de patience : une bonne publication prend du temps.

Conclusion
La lutte contre les revues prédatrices est un combat pour la rigueur, l’intégrité et la reconnaissance de la recherche africaine sur la scène internationale. En investissant dans la formation, l’encadrement et la sensibilisation, les institutions africaines peuvent renforcer leur souveraineté scientifique et éviter l’écueil des publications toxiques.

Références

Beall, J. (2016). Dangerous predatory publishers threaten medical research. Journal of Korean Medical Science, 31(10), 1511-1513.

Mouton, J., Valentine, A., & Blanckenberg, J. (2020). Predatory publishing in South Africa: Perceptions, practices, and policies. Science and Public Policy, 47(6), 725–736.

Think. Check. Submit. https://thinkchecksubmit.org